15 juin 2015

Observation publique à Noeux-les-Mines


Ce week-end, le club d'Astronomie de Mont-Bernenchon avait rendez-vous à Noeux-les-Mines pour organiser une observation publique dans le cadre de l'exposition "Le nez dans les étoiles".
Notre prestation commençait par une courte conférence à la salle Georges Brassens, suivie par une séance d'observation au télescope près du stade.

Les orages nous ayant privés d'observation le Vendredi soir, nous étions en poste le Samedi 13 Juin.
Ce n'est pas la saison idéale pour observer les étoiles. Certes en général il fait beau, mais il ne fait pas complètement noir sous nos latitudes et les objets du ciel profond ne sont pas très contrastés.

A 23h, quand le public arrive, certaines montures ne sont pas encore mises en station, faute d'étoiles pour faire l'alignement automatique.

Les télescopes en place. Crédit image : Sylvain Wallart (http://www.sylvain-wallart-photography.com/)
A défaut de Lune à montrer au public, nous avions 3 planètes : Vénus, Jupiter et Saturne. Ce qui est de matière à ravir tout le monde, tant ces planètes sont différentes et intéressantes.
Vénus présentait un quartier. Jupiter avait un satellite caché. Saturne était majestueuse avec ses anneaux. Le public a visiblement apprécié la balade nocturne.

J'avais repéré un flash iridium bien placé pour le début de nuit. Au dessus de Vénus et Jupiter, on ne pouvait pas le manquer. Ça marche toujours autant d'annoncer "Attention ici dans quelques secondes apparaîtra un objet qui deviendra rapidement le plus brillant du ciel".

Passage d'un flash iridium. Crédit image : Sylvain Wallart (http://www.sylvain-wallart-photography.com/)
L'ISS aussi nous a rendu une longue visite, d'Ouest en Est.
Ensuite quand les étoiles sont devenues un peu plus visibles, nous avons proposé l'observation de quelques objets du ciel profond : l'amas globulaire M13, la nébuleuse planétaire M57, l'étoile double Albiréo. Que des grands classiques de l'été.

Balade dans le ciel au laser. Crédit image : Sylvain Wallart (http://www.sylvain-wallart-photography.com/)
La soirée s'est terminée vers 1h00 du matin avec le public qui semble être reparti très heureux de sa soirée. Et les animateurs l'étaient tout autant.
Au moins nous avons eu une répétition à 2 mois de la Nuit des Etoiles.

6 juin 2015

Eclipse de Io par Europe


Ce Jeudi soir, profitant d'une météo fort clémente mais d'une lune fort présente, j'ai jeté mon dévolu sur un phénomène qui ne craignait pas la lumière sélène : une éclipse mutuelle entre 2 satellites joviens.
Cette observation fait partie d'un programme amateurs-professionnels pour lequel j'avais suivi un atelier l'année dernière à l'Observatoire de Paris.
L'éclipse du soir se passait près du limbe jovien, à 30 secondes d'arcs d'un phare ! Donc pour avoir
du signal sur les satellites sans être noyé par la lumière de Jupiter, il me fallait de la focale pour séparer les protagonistes. Avec mon télescope perso et ses 750mm de focale, c'était perdu d'avance.
Je me suis donc rabattu sur l'observatoire de Geotopia et son RCOS à 2800mm de focale.
Arrivé sur place au coucher du Soleil, j'ai eu tout le temps de peaufiner mes réglages pour l'éclipse de 23h54.

Aux commandes de l'observatoire de Geotopia ce soir pour attraper une éclipse mutuelle de satellites joviens

Dans l'idéal pour ce genre d'observation il faut :

  • Une base de temps fiable au dixième de seconde ou mieux
  • Une caméra sensible avec une forte cadence de prise de vue

Mais je n'avais rien de tout cela.
Ma base de temps était fiable à la seconde près et ma caméra (SBIG STL11000) prenait une image toutes les 4 secondes. Le temps de téléchargement de l'image était affreusement long. Si bien que pour le réduire au maximum, j'ai fenêtré ma prise de vue sur une toute petite portion du capteur. Chaque image faisait alors une trentaine de kilooctets. Mais il fallait encore un peu plus de 3 secondes pour en télécharger une sur le PC de commande et lancer l'image suivante.

Avec des poses de 0.2s, Jupiter était complètement saturée et du blooming apparaissait. Mais son éclat ne gênait pas trop Io et Europe et ceux-ci montraient quand même 9000 ADU de signal, ce qui me satisfaisait.
J'avais également besoin d'avoir Ganymède dans mon champ de vision comme astre de comparaison, ce qui donnait le champ de vue suivant :


Les lunes Io et Europe s'éclipsent, vu depuis la Terre, dans 10 minutes. Elles sont maintenant toutes proches

Alors là l'image est à peu près sympa. Avec le phénomène de scintillation sur des poses aussi courtes, il arrive régulièrement que les astres soient fortement déformés. Mais ça ne gêne pas trop la photométrie.

Finalement, on va observer quoi ?
Lors de l'équinoxe sur Jupiter, le plan des satellites galiléens est vu par la tranche depuis la Terre, si bien que régulièrement, ces lunes passent l'une devant l'autre, l'une dans l'ombre de l'autre et vice-versa. Ce soir-ci, Europe passe devant Io, comme sur la figure ci-dessous. Grâce à son diamètre plus imposant, Io ne disparaît pas complètement.

De gauche à droite ; passage progressif de Io derrière Europe, ou Europe devant Io.

On ne peut pas mesurer la magnitude de Io qui diminue, car sa trop grande proximité avec Europe nous empêche d'isoler son signal. Donc pour ce genre de manip, on va mesurer la quantité de flux de l'ensemble "Io + Europe" au cours du temps. Et le comparer à une valeur supposée stable, à savoir la quantité de flux renvoyée par Ganymède.
Sur une période d'une dizaine de minutes, Ganymède est supposé stable. Sa rotation propre peut laisser apparaître de tous petits changements d'éclat au fil du temps, mais pas sur 10 minutes.

Avant l'éclipse, le flux "Io+Europe" vaut la somme des flux de Io et d'Europe.
Au plus fort de l'éclipse, le flux "Io+Europe" vaut le flux de Europe + environ la moitié du flux de Io.
Après l'éclipse, le flux "Io+Europe" vaut la somme des flux de Io et d'Europe.

Sur la courbe d'éclipse, les instants importants seront les dates de premier contact, de maximum de l'éclipse et de dernier contact, qui permettront de contraindre les positions des satellites et améliorer leur positionnement dans l'espace.
Ces instants sont plutôt bien connus avant l'expérience, mais en les mesurant au dixième de seconde, les astronomes espèrent découvrir de petites avances ou de petits retards, signes de phénomènes sous-jacents dans le système jovien.

Alors au final, voici la courbe que j'ai obtenue, après 259 images. Après avoir aligné mes images sur Ganymède et placé mes cercles photométriques pour suivre Io et Europe tout en évitant Jupiter, les flux bruts laissent déjà apparaître l'éclipse.


Et en normalisant mon flux (avec Ganymede constante), j'obtiens le profil de cette éclipse :


J'obtiens donc :
- un début d'éclipse à 21h53m57s TU
- un milieu d'éclipse à 21h55m36s TU
- une fin d'éclipse à 21h57m14s TU

Le manque cruel de points de mesures ne me permet pas d'être super précis. La prochaine fois, il faudra vraiment de j'ai de quoi faire des images à plus haute cadence. Une telle configuration de Europe qui éclipse Io, il y en aura encore quelques-unes avant la fin de la période des phémus en Août, mais aucune qui ne soit observable dans de bonnes conditions depuis chez moi. Donc celle-ci, je la referai en 2020, au prochain équinoxe jovien :-)

3 juin 2015

Nouveau télescope chez Slooh


Après un paquet de semaines d'attente pour tester le nouveau télescope T2 de Slooh, ça y est enfin, il est arrivé. Et je dois dire que je ne suis pas déçu du résultat.
Ci-dessous une comparaison entre le nouveau T2 et l'ancien (un T350 ouvert à 10).

Zone de M33 où j'ai trouvé une nova l'année dernière, avec l'ancien et le nouveau télescope

Le nouveau télescope est un 17 pouces (430mm) ouvert à 6.8 et la caméra est désormais une FLI ProLine PL16803. Le champ visé est plus grand, mais aussi mieux résolu.
Les deux images ci-dessus ont été prises dans des conditions de masse d'air équivalente et ma foi pas très optimales. M33 est encore basse en cette saison dans le ciel du matin. Ca augure de belles choses pour la suite.

Ma campagne de recherche de "trucs qui explosent" va pouvoir reprendre dans de bonnes conditions car je l'avais un peu délaissée depuis le début de l'année, faute de temps de télescope disponible et d'image d'assez bonne qualité.

Plus d'info sur Slooh en cliquant ici.

2 juin 2015

Pluton, 42 jours avant son survol


C'est devenu une habitude depuis 2011, je lui rends visite tous les ans pour prendre de ses nouvelles : Voici la planète naine Pluton !
Dans l'animation ci-dessous, faîte à partir d'images prises avec le tout nouveau télescope Slooh T2 du Mont Teide, on voit le déplacement de Pluton sur une durée de 2h05 dans la nuit du 1er au 2 Juin.
L'astéroïde 1999 JM85 passait dans le coin. On le distingue à peine avec sa magnitude 17.7.

Crédit : Emmanuel Conseil avec www.slooh.com
J'ai reconstitué avec Aladin la carte de la zone de la constellation du Sagittaire couverte par l'animation ci-dessus. Cette année, Pluton se balade à proximité d'étoiles brillantes du Sagittaire et il est relativement aisé de la pointer, même sans monture informatisée.

L'animation du dessus couvre le rectangle vert 
Pluton est souvent délaissée par les astronomes amateurs qui la pensent à tort totalement inaccessible. Pourtant avec une magnitude 14, elle est à la portée de bien des astrophotographes, même avec peu d'équipement. Mon 150/750 + un APN EOS 1000D suffisent à montrer son mouvement sur plusieurs jours.

Dans 42 jours, ce monde inexploré n'en sera plus un. L'occasion peut-être de se reporter sur d'autres mondes encore plus lointain et toujours inexplorés comme Haumea ou Eris, abordables pour les astrophotographes amateurs avec un peu plus de moyens.